Créer une émotion chez le spectateur avec la création de triptyques
Alors que sa popularité remonte au Moyen Age, le triptyque a connu un renouveau à la fin du dix-neuvième siècle et connaît une évolution constante depuis. Les sujets, jusque-là majoritairement sacrés, on cédés la place aux allégories, mais aussi au naturalisme alors à la mode. Avec des peintres s’affranchissant du classicisme les sujets mineurs et les scènes de genres se sont emparés d’un format extrêmement codifié.
Composés par des photos de trois de nos artistes, l’unité de chaque triptyque est créée par son thème, le traitement des photos, où par des univers et des références culturelles proches. Dans ce format d’expositions, rentré dans les mœurs, on ne présente plus les artistes et les œuvres par période ou par genre mais par résonance. Comme dans notre sélection où les photos se répondent, racontent une histoire.
Créer une émotion chez le spectateur est une priorité lors de la création d’une exposition, la dynamique entre les œuvres est déterminante. Le triptyque a cette faculté, à lui seul il nous fait voyager, nous plonge dans un univers multiple, ou comme ici, chaque photo en plus d’être unique, forme un tout avec les deux autres, dont elle devient indissociable.
L’hiver Québécois et ses paysages sont mis en scène par nos artistes. Le temps semble s’être arrêté et la quiétude qui se dégage des photos, cette lumière si particulière du soleil hivernal et sa réflexion sur la neige, contribuent à donner cette impression que la nature reprend ses droits pour quelques instants.
La rouille, des couleurs vives ou feutrées, des sujets pris en gros plan ou très travaillés. La matière devient abstraite par la volonté des artistes. Ils nous font voir ce que l’on n’aurait peut-être pas remarqué sans leur travail. Chaque élément devient prétexte à une évasion, à la possibilité que tout soit un support à l’art.
Les éléments simples, le noir et blanc, la composition et le contraste plus ou moins marqué rendent l’atmosphère de ces photos très apaisante. Les paysages naturel ou modifiés par l’homme montrés ici sont harmonieux, un rythme délicat s’instaure entre eux, ils invitent à la contemplation.
Comme en héritage du Pop Art et du travail de ses artistes, la couleur et les objets sont mis en avant dans ces photos. Les sujets sont montrés pour ce qu’ils sont et tout le travail des photographes tend vers leur mise en valeur : le traitement glacé des images, la couleur sublimée, la beauté du sujet choisit par le photographe.
Nos photographes nous donnent à voir la noirceur possible du paysage urbain. L’imagerie proche de celle du roman policier ou même d’anticipation est propice à l’imagination. On est confrontés à la froideur de ces lieux isolés, vides, mais ou soudain une personne peut surgir, et, ou d’un coup une histoire va commencer.
Nos photographes sont dans une recherche esthétique. Ils se focalisent, ici, sur les nuances de couleurs, de matières, sur la lumière qui se reflète sur les objets et nous en montre les subtilités. Le métal renvoie au métal, le rouge se fait plus ou moins vif, les éléments se répondent, se nuancent et ne font qu’un.
Les nuances du ciel changent en permanence. Les nuages, la lumière, tout y est passionnant pour un artiste. La beauté de la nature est célébrée : des couchers de soleil, jusqu’au ciel et la terre qui s’entrechoquent ou s’harmonisent, en passant par les déchirures des nuages qui transforment le paysage et la luminosité.